Interdiction du MON 810, sur quoi se fonde Bruno Le Maire ?

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Bruno Le Maire a réaffirmé jeudi son opposition à la culture de maïs génétiquement modifié en France, en marge du congrès annuel des céréaliers qui se tenait à Dijon : « Comme le maïs Monsanto 810 n’apporte pas toutes les garanties environnementales nécessaires, l’interdiction de sa culture sur le territoire français est maintenue ». On notera d’abord que cette déclaration ne s’est pas faite devant les congressistes, pourtant les premiers concernés, mais devant les journalistes.
Sur le fond, quand Bruno le Maire dit que le « Monsanto 810 n’apporte pas toutes les garanties environnementales nécessaires », on se demande bien d’où vient cette certitude…le HCB n’a pas même pas été consulté ! Le gouvernement peut être fonde son avis …au doigt mouillé !

22 commentaires sur “Interdiction du MON 810, sur quoi se fonde Bruno Le Maire ?

  1. « … l’interdiction de sa culture sur le territoire français est maintenue »… Sur quelle base juridique, M. Le Maire ?

    Dans son communiqué de presse, le Conseil d’État a écrit en chapeau* :

    « En application d’un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne, le Conseil d’État annule les arrêtés du ministre de l’agriculture et de la pêche suspendant la cession et l’utilisation des semences de maïs OGM MON 810 et interdisant la mise en culture de ces variétés de semences »

    Il a écrit : « …annule… »

    Cette déclaration a été faite en marge du congrès, et non dans le congrès lui-même, parce que le gouvernement n’a aucune base juridique pour s’exprimer ainsi. C’est une manoeuvre médiatique et la manifestation d’une couardise politique absolument lamentables.

    « Sur le fond, … Bruno le Maire dit que le « Monsanto 810 n’apporte pas toutes les garanties environnementales nécessaires » ». C’est se moquer du monde ! Il en faut plus pour justifier une interdiction de mise en culture.

    Et, au sein du congrès, il pouvait difficilement associer cette déclaration à ses engagements** d’« aider les producteurs à « poursuivre l’effort de recherche » » et de « défendre les agriculteurs contre le dogmatisme environnemental ».

    Remarquez que, sur ce dernier point, il s’est engagé à « réunir dans les prochaines semaines l’ensemble des services déconcentrés pour comprendre pourquoi les orientations du gouvernement ne sont pas respectées et pourquoi il existe encore des tracasseries administratives chez certains agriculteurs ».

    Il n’a pas encore compris ? Et que fera-t-il après ?

    _________________

    *  http://www.conseil-etat.fr/fr/communiques-de-presse/arrete_ogm_mais.html

    **  http://www.lafranceagricole.fr/actualite-agricole/grandes-cultures-sommet-du-vegetal-bruno-le-maire-prend-trois-engagements-devant-les-producteurs-52772.html

    1. S’il n’y avait que la R&D… Bientôt on y produira aussi les semences. Et on finira peut-être bien par y produire aussi notre maïs. Faut bien, par exemple, économiser l’eau pour que les bobos puissent remplir leur piscine.

      1. Exact. Avoir une R&D locale c’est l’assurance d’avoir des semences adaptées au climat tout en ayant un mot à dire sur le choix proposé aux agriculteurs. Par exemple, par chez moi à l’Est du Canada, Monsanto n’a que des très petites équipes. La première génération de soya RR avait des rendements significativement plus faibles que le conventionnel car elle avait (c’est une des hypothèses) été développée pour le Sud des USA. Evidement, malgré l’adaptation du cultivar au froid, quand les conditions climatiques divisent par 2 les UTM d’origine ça pousse moins fort; contrairement aux variétés locales non OGM. Enfin, on ne peut pas non plus bénéficier de semences de maïs OGM non enrobées (gaucho ou poncho obligatoire). Pourtant certains agronomes critiquent (en ces temps de CCD et autres craintes environnementales) l’usage systématique de ces traitements sous nos conditions car la pression des ravageurs est évidemment plus faible que dans la corn belt américaine.

        1. « La première génération de soya RR avait des rendements significativement plus faibles que le conventionnel car elle avait (c’est une des hypothèses) été développée pour le Sud des USA. » Aucun semencier local ne pouvait acheter la licence du RR et convertir une variété bien adapté? J’ai aucun idée du marché des semences au Canada mais en France il y a de nombreux semenciers issus de coopérative agricole qui sont capable de faire ce genre de produit. L’interdiction des OGM les empêchent de se développer à l’export alors même que leur travail sur le fond génétique est tout aussi bon que celui de Monsanto and Co.

          1. Je pense qu’à l’époque, Monsanto voulait se garder le bénéfice du RR. Il leur a fallu beaucoup de temps pour comprendre les réalités de l’agriculture ; je ne suis du reste pas sûr qu’ils aient tout compris à ce jour.

          2. @Karg:

            Si ils ont essayé de l’adapté au froid et au manque d’UTM mais les résultats étaient moins bon et personne ne voulait mettre des millions pour développer du soya RR à partir d’une variété nordique. Enfin, je n’étais pas là à l’époque et je n’e sais pas plus. Les producteurs ont seulement moins planté d’OGM et en ont profité pour faire du soya top qualité non OGM pour le marché japonais.

            @Wakes seppi:

            Je suis de votre avis, ils voulaient garder le bénéfice du RR. Et puis le marché concerné est ridicule comparé aux USA ou à l’Amérique du Sud. Le brevet du soya RR ayant expiré l’été dernier on verra bien ce que donnera le nouveau soya RR.

            Pourquoi pensez-vous qu’ils ne comprennent pas l’agriculture ?

            PS: Pour avoir une idée des variétés et des rendements: http://www.cerom.qc.ca/Documentations/RGCQ2010-2011.pdf

          3. 6 à 8 générations de rétro croisement, un pièce climatisé et éclairé, du round up, une pince à épilé, et je te transforme n’importe quelle ligné de façon propre en disons 4 ans maximum. Et ça coute pas des millions de dollars.

          4. Karg, c’est ce qu’ils ont fait, mais force est de constater que le conventionnel faisait un peu mieux niveau rendement (d’autres hypothèses existent : meilleure nodulation du conventionnel et/ou effet indésirable du glyphosate). Quand je parlais de millions c’était pour insérer un gène d’intérêt dès le départ dans une variété nordique.

          5. « 6 à 8 générations de rétro croisement, un pièce climatisé et éclairé, du round up, une pince à épilé, et je te transforme n’importe quelle ligné de façon propre en disons 4 ans maximum. Et ça coute pas des millions de dollars. »
            —————————
            Ce qui coûte des millions $, ce n’est pas la pince à épiler du laborantin, c’est le casse-noix réglementaire des bureaucrates. Ce qu’on oublie souvent, c’est le double effet kiss-kool contre les OGMs (contre tout progrès en fait), d’une part la propagande anti des pastèques avec la complicité des médias systématiquement catastrophistes ET d’autre part l’inflation réglementaire devenue la règle grâce au stupide principe de précaution et à l’explosion de l’interventionnisme d’Etat (faut bien que les fonctionnaires justifient leur emploie).

            C’est une chose d’avoir inventé un super soja RR, c’en est encore une autre que de passer l’étape de lhomologation, qui coûte les yeux de la tête et qui peut durer des années, avec une issue incertaine, parce qu’en attendant de pouvoir commercialiser (en n’étant même pas sûr que la variété resterait encore compétitive), vivre d’amour et d’eau fraîche, c’est pas très « durable ».

          6. Je ne parlais pas de « validation » (quoi que ça puisse vouloir dire) mais d’homologation !

          7. Ca ne change rien, si le trait est autorisé toute variété qui le contient l’est aussi.

          8.  » si le trait est autorisé toute variété qui le contient l’est aussi. »

            Pfff, n’importe quoi !

          9. Même pas besoin de connaître la réglementation pour savoir que tu racontes n’importe quoi.
            Il suffit de regarder le temps mis pour obtenir l’homologation de CHAQUE variété de maïs BT.

          10. Tu parle de quoi, de l’autorisation du trait ou du dépôts de la variété qui contient le trait au catalogue des semences? Si tu parle du catalogue, oui il y a au moins deux années d’essais, et de toute façon ça se télescope avec les essais du semenciers et le début de la phase de multiplication commerciale. Mais ça n’a rien à voir avec la farce autour de l’autorisation du MON810. Le catalogue est riche en variété OGM.

  2. @ Bob (21 janvier 2012 à 17:31)

    J’ai travaillé dans un secteur connexe des variétés et des semences. Et j’ai rencontré des gens qui parlaient de sacs de semences comme s’ils parlaient de bidons de phytos. Du reste, ils n’étaient pas les seuls.

  3. Wackes dit
    « Cette déclaration a été faite en marge du congrès, et non dans le congrès lui-même […]. C’est une manoeuvre médiatique et la manifestation d’une couardise politique absolument lamentables. »

    Je suis bien d’accord. S’il avait fait une telle annonce devant les agris… Il se serait fait fumer comme un lapin dans la seconde suivante !!!

  4. Après le G20 agricole du mois de juin 2011, enthousiasmant, on peut accorder 10 ans d’indulgences à B Lemaire.

    « Il n’est pas opportun d’autoriser la culture du Mon 810 en France » effectivement.

    Derrière le mot opportun, il existe une dimension temporelle, en terme de contexte aussi.
    Le mot est juste, et les conséquences négatives qui s’accumulent, coutent et couteront de plus en plus cher ne sont que le fruit de 20 ans de valse hésitation sur le sujet.

    On n’est plus à 6 mois près.

    Rien à dire de plus.

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