L’agro-écologie au JT de France 2

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Avant-hier sur France 2, reportage sur « l’agro-écologie ». Analyse de ce reportage qui marque une petite évolution positive (nous voyons le verre à moitié plein!) dans le traitement de la question par le service public. On imagine le pire sur ce qui va suivre avec l’introduction de David Pujadas  :   « Ceux qui croient à autre agriculture…. Pendant longtemps, ceux qui rejettent engrais, pesticides, sont passés pour de doux rêveurs. Aujourd’hui ils affichent leurs résultats, des exploitations rentables, des sols préservés…..Leurs recettes, c’est peut-être l’agriculture de demain……… »
Première partie du reportage chez un producteur de grandes cultures et éleveur (de Haute-Marne) sur les techniques de semis sans labour, l’intérêt de laisser les vers de terre travailler. Le reportage fait le lien avec une réduction d’utilisation de phytos et la non utilisation des engrais de synthèse. Ce lien automatique entre sans labours, semis direct, …… avec une réduction des usages phytosanitaire n’est certainement pas si évident sur le terrain. Cela peut être lié à d’autres facteurs. Sur le plan économique, l’exploitant annonce de bons résultats en citant dans l’ordre : réduction de charges de mécanisation, d’engrais, et de phytos. Entre ces trois charges, des chiffres auraient été les bienvenus pour éclairer le téléspectateur. En fin de séquence, Laurence Decherf  décrit une situation catastrophique des sols agricoles : pollués et gorgés de pesticides. Rapide et simplificateur et surtout pas confirmé par les études sur l’état des sols agricoles en France.
Une seconde partie du reportage est consacrée à la production de tomates sous serre qui effectivement nécessite moins de traitements phytosanitaires. Le témoignage du producteur est éloquent sur la production hors sol qui évite les maladies dites telluriques et l’utilisation d’organismes prédateurs. Conclusion : il faut développer la culture sous serre. Nous ne sommes pas certains que nos amis écolos soient d’accord.
Bref, un reportage plutôt ambigu mais qui marque une certaine évolution positive. On a vu pire ! En revanche, le retour sur le plateau avec le commentaire d’un journaliste en deux parties est catastrophique :
–           il faut du temps pour changer et le temps c’est de l’argent
–           et surtout l’addiction des agriculteurs aux pesticides
Bref une conclusion à la Veillerette !

15 commentaires sur “L’agro-écologie au JT de France 2

  1. Effectivement ce reportage était lamentable, traduisant une inculture grave des journalistes, nous voila revenu au pire moment de la Russie soviétique stalinienne et de la propaganda, on pourrait trouver des ressemblances avec ce que proposait Goebbels.
    L’agriculteur qui prend soin de son sol, parfait, il cherche à multiplier les vers de terre, parfait. Il lutte contre l’érosion des sols, principal risque de dégradation des milieux, parfait. Tout cela c’est bien de l’agro-écologie et c’est très très bien.
    Ce qui est en cause c’est le labour et l’utilisation systématique de la charrue, rien à voir avec les pesticides. La bonne structure du sol, c’est moins de labours, moins de passages avec des engins lourds et de la matière organique végétale non enfouie. On améliore les choses en apportant de temps à autre du fumier , là il faut réatteler la charrue.
    Là où la journaliste déconne, c’est lorsqu’elle met l’accent sur les pesticides, rien à voir avec le sujet des vers de terre, c’est le labour qui les perturbe et notre agriculteur peut éventuellement réduire sa consommation mais cela n’a rien à voir avec son choix du non labour. Au contraire, le labour est un extraordinaire moyen de lutte contre les mauvaises herbes, enfouit des résidus de plantes qui portent les spores des maladies qui au grès du vent iront contaminer la parcelle voisine , les insectes qui iront voler sur la même culture sur la parcelle à coté. La rotation ne suffit pas pour éviter le risque, ou alors, comme au Brésil, il faut des parcelles de 100 ha d’un seul tenant par de petites parcelles comme en France , c’est pas exactement le modèle français que l’on recherche.
    Si l’agriculteur diminue sa consommation de pesticides, c’est qu’il optimise leur emploi et dispose d’outils pour le faire. Rien à voir avec le non labour qui conduit à en utiliser plus pour compenser l’effet du labour sur les maladies et les mauvaises herbes.
    Les bios sont contraints à davantage labourer pour d’une part enfouir la matière organique pour fertiliser mais aussi pour lutter contre les mauvaises herbes. Quelques expériences de non labour, généralement pas très concluantes même si la propaganda comme sous Staline nous présente ces tentatives comme des réussites extraordinaires.
    En pour les tomates, c’est terrible, fini la tomate de plein champ, de pleine terre, du petit jardin potager, désormais les journalistes bobo bio ne veulent que des tomates industrielles, sous serre, sur laine de roche, qui ne voit le soleil qu’au travers du polyéthylène qui abrite les plantations.
    Évidemment cette tomate industrielle de serre est nourrie par une solution contenant les engrais et quelques fongicides aussi ou algicide, ce qui n’est pas dit par le reportage.

    Déjà le meilleur des monde? Demain, on nous dira que green soylent, c’est meilleur que l’entrecôte et la baguette.

    Green soylent vous ne connaissez pas ? alors soleil vert si vous préférez!
    vert le soylent comme la couleur de ceux qui veulent nous l’imposer avec une presse complice!

    1. Écoute informe toi vraiment sur le SD et le SDSC avant de nous ressortir le discours de TOTAL et des chambres d’agri.
      Les agriculteurs engagés dans cette démarche consomment moins de phyto et ne perde pas de rendement, voir progresse. C’est un fait.

      1. Il n’empêche que ce « reportage », suivi d’une séquence avec un journaliste en costard-cravate faisant l’article, est très manichéen.

  2. @ Karg,

    Si c’était aussi évident, rentable et facile, tous les agriculteurs y seraient, actuellement quelques 5 – 10% en SD grand maxi rapporté à l’ensemble du territoire et pas systématiquement toute l’exploitation et seulement 50% des céréales semées sans labour en TCS dont nos SD, bien moins pour les plantes à pivot.

    Le principal intérêt immédiat des SD est le gain de temps pour l’agriculteur, à plus long terme la conservation des sols mais bonjour les em… pour les limaces, les mauvaises herbes et pour partie les maladies. T’as pas le profil d’un agronome karg, rationnel mais pas agronome, je te retourne donc le conseil.

    Les SDSC sont encore au stade post expérimental en France, avec des exploitations pionnières très engagées certes, mais c’est du post expérimental qui dure depuis 20 ans, la problématique des limaces reste, entre autre, un big problème surtout les automnes hyperhumides comme 2012. Les pays de référence, Brésil, les grandes plaines des US, et du Canada n’ont pas ce soucis caractéristique des climats atlantiques et des sols argileux .

    Indépendamment de cette réalité, ce sont des systèmes super sur le plan du concept à développer car seul moyen de faire progresser les bilans énergétiques de la production agricole. Mais il ne faut pas confondre ce que l’on souhaite et ce qui est la réalité à un moment donné.
    Les agri qui viennent sur le site confirmeront.

    1.  » mais bonjour les em… pour les limaces, les mauvaises herbes et pour partie les maladies »
      + taupins et rats taupiers!
      Le labour a encore ses avantages, ne serait-ce que pour enfouir la MO.
      Les moyens adoptés, SDSC, coûtent un fric fou, il suffit de voir l’attelage dans le reportage et la taille des bâtiments, tous les agris n’en sont pas à ce niveau…
      Ne pas oublier la charge de mises aux normes obligatoire qui ne leur permette pas de surcharger encore des emprunts, avec une trésorerie à la ramasse, modifier un système de culture n’est pas forcément aisé … Pour rappel, 1 suicide/jour

      1. C’est vrai qu’une charrue ça coûte rien.
        En entretien encore moins, et à tracter c’est de la rigolade !
        En plus après le labour combien d’heures/hectare de préparation ?

    2. 5 à 10%, 0 il y a 10 ans. Les pionniers se sont lancés sans aucun référentiel, ils ont essuyés les plâtres. On en reparle dans 10 ans. Les limaces ça se traite..

      Rageous tu dis n’importe quoi sur le matériel, c’est justement l’inverse: sortie du semoir et éventuellement d’un strip tiller/décompacteur, le parc d’engin est plus limité.

      Franchement allez rencontrer des agriculteurs qui en font.

      1. DSL, mais faut un taxi avec + de bourrins et les semoirs sont autrement sophistiqués! Le pulvé reste toujours d’actualité, alors à part la charrue et la herse, l’économie de matos… Regarde le train d’attelage!
        Et comme le dit alzine, la conversion ne se fait pas du jour au lendemain.
        Ceux-là par exemple, je pense que ce n’est pas leur première préoccupation…
        http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=a9gK8ImQaR0#!

        1. J’ai vendu ma charrue, ma herse rotative.
          J’ai maintenant un semoir SD, un pulvé, un déchaumeur rapide.
          J’ai conservé mon 130cv mais je pourrai faire à moins.
          Je prépare et sème 72 ha de maïs en une semaine et demi. (seul)
          Ma conso de gazoil annuelle est de 2200 litres
          Mon désherbage se réduit à 1,5 passages en moyenne.
          Je n’apporte que 140 u de N pour 114 qx de moyenne en 2012.
          L’anti-limaces à 8 kg depuis que je ne laisse plus de graminées l’hivers.

          Comme le dit Karg on n’en est qu’au début mais les choses changeront vite maintenant.
          Regardez au Canada, en Argentine …. Les surfaces en SD sont largement majoritaires.

          1. Je ne ferai pas de comparaison de conso et de matos puisque élevage en + mais je suis d’accord pour le sd, on en rêve aussi depuis qq années! 🙂
            Mais avec le renouvellement progressif du matos fourrage et le taxi à 95 cv qui présente ses limites, le « rêve » sd, ce sera associé avec un autre tracteur un peu + puissant…
            On évolue et investis en fonction de nos capacités de remboursements! 🙂

  3. Ça me gave ces reportages orientés par des journaleux qui n’y entravent rien sur un sujet complexe avec autant de situations que de différences!
    C’est du même tonneau que ces telefilm du samedi soir qui se passent à la campagne, tu rigole!
    « Je vous trouve très beau » par exemple, Michel Blanc à chaque fois qu’on le voit sur son tracteur il a le pulvé derrière à traiter on ne sait quoi…

  4. Merci Karg pour ce lien intéressant, effectivement, comment ne pas penser à Lucien Séguy, le Pape français de l’agro-écologie:

    http://agroecologie.cirad.fr/content/advancedsearch?SearchText=Lucien%20S%C3%A9guy%20&SearchDate=-1&SearchPageLimit=2&SearchContentClassID=68

    http://www.fert.fr/rencontre-entre-producteurs-francais-en-scv-lucien-seguy-et-arvalis/

    La référence au labo LAMMS est peut -être en trop, des suces roue et on n’en citera pas d’autres comme ceux sympathique mais pitoyables de la ferme Ste Marthe.

  5. En complément

    On pourra lire mais c’est une bonne synthèse qui démontre mieux ce qui l’a déjà été et le sera à nouveau :
    www7.inra.fr/ciag/content/download/3261/29857/…/5-Peigne.pdf
    Techniques sans labour en agriculture biologique – J. Peigné1, H. Védie2, J. Demeusy3, M. Gerber4, J.F. Vian1, Y. Gautronneau1, M. Cannavaccuiolo5, A. Aveline5, L.L. Giteau6, D. Berry7 Innovations Agronomiques (2009) 4, 23-32

    « La principale difficulté liée à l’adoption des TSL en grandes cultures biologiques est la maîtrise des adventices. Sur le site de Rhône-Alpes, le contrôle mécanique des adventices est satisfaisant au bout de trois ans d’essai pour la technique de travail du sol très superficiel. On peut toutefois s’interroger sur l’utilité de cette pratique, car le travail superficiel à 15 cm sans retournement du sol présente les mêmes avantages agronomiques (activité microbienne) et environnementaux (protection contre l’érosion) sans générer les problèmes d’enherbement les premières années. Au début de l’essai, un semis direct a été pratiqué et a dû être abandonné suite à des problèmes d’enherbement. Toutefois, le semis direct sous couvert vivant présente des avantages supplémentaires tels que la couverture du sol ou une population lombricienne importante. La question reste donc posée de savoir si le semis direct est réalisable en AB »

    « Une analyse économique et énergétique des différentes techniques de travail du sol a été initiée en Pays de la Loire sur le réseau de parcelles en grandes cultures. Les premiers résultats montrent que le temps de travail, quelque soit l’outil utilisé, représente le poste le plus important en termes de coûts (60%) et d’énergie (40%). Ainsi, les gains économiques et énergétiques ne sont pas systématiques avec les techniques de travail superficiel si des outils ‘classiques’ sont utilisés (exemple d’outils à dents ou disques de type déchaumeur) »

    On notera donc que l’adoption du semis direct se passe difficilement des herbicides pour optimiser la consommation d’énergie fossile et bénéficier des avantages de la technique notamment sur les vers de terre.

    Certes des expérimentations ponctuelles permettront d’observer des succès de courte durée dans des conditions particulières mais les règles générales restent que :
    1) Agrobio et labour : Sans labour l’agrobio ne peut fonctionner sous nos climats, ce qui n’est pas forcement vrai dans toutes les régions du monde,
    2) Optimisation du bilan énergétique : Les techniques qui cherchent la consommation minimale de carburants fossiles ou d’équivalent tonne pétrole associent les techniques sans labour et les herbicides avec apport complémentaire de désherbage mécanique notamment binage pour les cultures sarclées, car les techniques mécaniques par le caractère répétitif des opérations consomment beaucoup de temps et d’énergie, ne résolvent pas tout et restent plus irrégulières qu’un mix qui les associe aux herbicides.

    Ce sont du reste ces concepts qui sont mis en œuvre au Brésil, aux US et dans les grandes plaines du canada, techniques superficielles sans labour et herbicides, peu de désherbage mécanique dans ces zones, trop grandes surfaces des exploitations pour le mettre en œuvre et pas d’aide publique associée.

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