Décryptage de la méthode de com’ de Générations Futures

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Ces dernières années, avec son association Générations Futures (GF), François Veillerette a mis en place une stratégie de communication d’une redoutable efficacité, permettant à chaque fois de bénéficier d’une large couverture médiatique. Sa recette ? Concocter des « enquêtes Canada Dry » : « Ça ressemble à une étude scientifique, ça a le goût d’une étude scientifique… mais ce n’est pas une étude scientifique. » Son coup d’essai a été la publication en décembre 2010 de « Menus toxiques : enquête sur les substances chimiques présentes dans notre alimentation », puis l’année suivante de « Pesticides dans les aliments : analyses comparées d’aliments conventionnels et bios ». Vu le succès médiatique de ces deux « enquêtes », GF a décidé de récidiver avec un nouveau dossier environ tous les trois mois. Il n’est donc pas inutile de comprendre les principes essentiels qu’utilise GF pour garantir une couverture médiatique grâce à la présentation catastrophique des conclusions de ces « études » sur l’exposition aux produits chimiques. Ils se résument à trois règles :

Règle n°1 : faire croire que le discours catastrophiste repose sur des données factuelles sérieuses

Les dossiers de GF sont convaincants parce qu’ils reposeraient sur des données factuelles et non sur des préjugés idéologiques. Or, GF présente systématiquement des dossiers basés sur des données « sans valeur statistique ». Certes, il s’agit chaque fois d’analyses effectuées par des laboratoires sérieux. Sauf que ces données factuelles ne valent absolument rien ! Ce qu’admet d’ailleurs GF. Ainsi, dans chaque « enquête » apparaît une « mise en garde sur les limites de l’enquête ». Et GF d’expliquer que « cette enquête (…) ne prétend pas être parfaitement représentative (…) et ne prétend pas refléter exactement l’état moyen de la contamination (…) » Avant de terminer en reconnaissant : « Les résultats contenus dans ce dossier n’ont pas de valeur statistique significative au regard du faible nombre d’échantillons analysés, mais sont illustratifs de la problématique traitée. »

Le dossier sur l’exposition aux pesticides viticoles en est un flagrant exemple. Alors que GF a dénoncé les résultats « sans intérêts » de l’enquête Agrican sur la santé des agriculteurs qui portait sur 180.000 personnes, l’association de François Veillerette présente une étude comportant des analyses réalisées sur… 25 personnes ! A partir de ces chiffres « sans valeur statistique », Générations Futures affirme pourtant qu’il y a « 11 fois plus de résidus de pesticides en moyenne chez les salariés viticoles que chez les non professionnels habitant loin de vignes », « 5 fois plus de résidus de pesticides en moyenne chez les non-professionnels de la vigne habitants près des vignes que ceux habitant loin des vignes » et que « 74 % des pesticides actuellement autorisés sur vigne de la liste, établie pour l’enquête, et recherchés ont été retrouvés au moins une fois chez les personnes testées ».

Règle n°2 : communiquer sur le nombre de molécules différentes trouvées plutôt que sur la quantité totale de résidus ingérée

Dans « Menus Toxiques », Générations Futures affirme que chaque jour nos enfants avalent « 128 résidus chimiques dans la journée qui représentent 81 substances chimiques différentes ». Inutile de chercher dans ce que présente GF la signification toxicologique de ce chiffre. En revanche, GF mélange pesticides, nitrates et PCB, ces dernières substances représentants un tiers des 128 résidus. Et parmi les PCB, les « plus méchants » totalisent 0,002 μg, ou 2 nanogrammes (ng). Soit l’équivalent d’un seul cachet d’aspirine partagé entre le demi-milliard d’habitants qui peuplent l’Union Européenne ! Il n’y a donc, d’un point de vue toxicologique, aucun risque.

Règle n°3 : faire l’amalgame entre présence de résidus et danger

GF mélange habilement deux notions pourtant distinctes : présence de résidus et danger. Or, aujourd’hui, les instruments d’analyse sont tellement performants que l’on peut retrouver la trace de substances dans des quantités infinitésimales. Ainsi, une étude en 2008 a décelé la présence de résidus de cocaïne et de LSD dans l’air de Madrid et de Barcelone. Depuis, d’autres études ont démontré que 85 à 95% des dollars en circulation aux Etats-Unis portent des résidus de cocaïne, que l’air de huit grandes villes italiennes était « contaminée » par des résidus de cocaïne et de cannabinoïdes, ou encore que les dix livres les plus empruntés à la bibliothèque d’Anvers étaient « pollués » par des traces de cocaïne. Enfin, il existe aussi de nombreuses études démontrant la présence de nombreux résidus de stupéfiants dans les eaux usées et qui résistent aux processus d’épuration. Sommes-nous pour autant shootés par l’ingestion de ces résidus ? Evidemment non ! Présence ne veut pas dire danger…

Sources
http://www.forumphyto.fr/images/pdf/DocusPublics/2010/101216acta.pdf
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2013/11/17/97001-20131117FILWWW00204-de-la-cocaine-dans-les-livres-de-bibliotheque.php
http://fluctuat.premiere.fr/Societe/News/90-des-billets-de-banque-americains-ont-des-traces-de-cocaine-3226510
http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/spain/5324427/Cocaine-and-LSD-found-in-air-of-Spanish-cities.html
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0269749112003612
http://www.allodocteurs.fr/actualite-sante-des-egouts-et-des-drogues-11233.asp?1=1

 

16 commentaires sur “Décryptage de la méthode de com’ de Générations Futures

  1. Règle No 5 : construire son « enquête » de manière à obtenir un effet boeuf. Par exemple, faire ingurgiter du thé au gamin, au petit-déjeuner (pour « attraper » le bisphénol A de la bouilloire), ainsi que deux poissons au sommet de la chaîne alimentaire (saumon et thon).

    Règle No 6 : Communiquer sur les chiffres les plus percutants. Un résidu trouvé trois fois = trois résidus.

    Règle No 7 : Servir la soupe à ses financeurs… Pas de recherche des polluants ubiquistes, tels les PCB, dans la comparaison entre « conventionnel » et « bio ».

    Règle No 8 : S’assurer le concours de médias complaisants… « Le bio, c’est vraiment plus sain » (Le Parisien)…

    Règle No 9 : Ajouter une dose de complotisme… Le Parisien qui écrit sur une « étude, que nous nous sommes procurée en exclusivité ».

    Une saine lecture complémentaire :

    http://www.imposteurs.org/article-la-communication-toxique-de-generations-futures-par-wackes-seppi-97312601.html

  2. Qui a vu le « superbe » reportage de TF1 il y a deux jours sur les « jardins Bio sur les toits de Paris »…
    Il est très instructif sur la manipulation des écolos-bobo.
    Le projet est sur les toits de l’INAPG (si je me trompe pas). Et le chef du projet nous dit doctement « que les légumes sont moins pollués que les normes admises (particules, métaux lourds…) car ces produits lourds par définition, restent au ras du sol »…
    Mais alors pourquoi faire autant de barouf sur le « pollution aux particules fines » si elles restent au sol?
    Mais alors pourquoi ne pas donner les résultats des analyses?
    Mais alors pourquoi ne pas analyser les teneurs en bactéries, mycotoxines, virus…
    Mais alors pourquoi ne pas transformer les Champs-Élysées en grande ferme bio ?

    1. Ah Ah Ah…

      Sauf que la pollution ne reste pas au sol. Si vous aviez quelques connaissances de météorologie et de physique, vous le sauriez.

      L’ironie de mon propos c’est de dire que les « produits bio » sur les toits de Paris sont fortement pollués, et que le reportage est totalement mensonger !!!

  3. @Daniel
    Dans le même genre, une étude présentée aux JRA (Journées de la recherche avicole) fin des années 2000 (faudrait que je recherche…) montrait que les poulets labels « plein air », présentaient plus de résidus « toxiques » que les poulets « standards » élevés en claustration , ceci, d’autant plus s’ils étaient proches d’un grand axe routier.
    Alors, j’imagine un peu les produits des jardins de l’avenir de Paris…

  4. Ce qui est le plus mensonger est de faire croire qu’une ville dense peut produire une part significative de son alimentation, c’est un fantasme et un mensonge d’architecte et d’urbaniste.

    Le gratouillage du compost sur les toits est une fumisterie en terme d’efficacité, sinon les chinois et les japonais ne chercheraient pas à s’assurer des millions d’ha ailleurs dans le monde, leurs grattes ciel suffiraient à produire l’aliment nécessaire.

    Le XXIème siécle sera le siècle de la faim dans les villes, à Paris en particulier, lire pour cela le dernier bouquin de Nicolas Baverez: lettres béninoises.

    1. Nicolas Baverez est un catastrophiste dont le fond de commerce est le déclinisme .
      Il est le versant de droite des marchands de peur.
      C’est un imposteur.

      1. Vous pensez, peut-être que, depuis la parution de son livre « La France qui tombe », en janvier 2004, notre beau pays aurait emprunté une voie inverse ?

        Dans ce cas, pour ne prendre qu’un exemple, un peu caricatural, le ministère du Redressement productif ne serait-il qu’une simple invention de communicants « inspirés », qui n’aurait absolument aucune relation avec une quelconque réalité économique ?… 😉

      2. Les déclinistes ont deux avantages majeurs :
        1) s’ils sont écoutés on peut éviter le problème.
        2) s’ils sont pas écoutés on peut les traiter d’oiseaux de mauvaises augures…
        Mais en tout cas, eux ce basent sur des réalités pour avancer leurs théories, à la grande différence des marchands de peur écolo qui eux inventent de toutes pièces leurs mensonges !!!

        1. Les déclinistes comme « Baveuré » ne se basent que sur des fantasmes , c’est leur fond de commerce , ils usent d’une niche pour vendre du papier , passer à la télé pour flatter leur égo de sauveur de l’humanité .Le Nostradamus du bar d’à cité , le visionnaire du muscadet éventé .
          Aucune différence avec les écolos ….

    2. Alzine > Ce qui est le plus mensonger est de faire croire qu’une ville dense peut produire une part significative de son alimentation

      D’autant que si, dans les ving-trente ans qui viennent…
      – les chimistes n’arrivent pas à inventer un pétrole synthétique compétitif vis-à-vis du pétrole naturel*, ou
      – les batteries ne gagnent pas sérieusement en performances
      … ça serait l’exode vers les campagnes, comme en 40. Pas sûr que les écolos apprécient ce retour à la terre sans aïePhone.

      « Une histoire de l’énergie »
      http://www.amazon.fr/Une-histoire-l%C3%A9nergie-Jean-Claude-Debeir/dp/2081293617

      * 100 millions de barils/jour à moins de 100$ le baril, et sans prendre sur la production de nourriture (USA aujourd’hui : 40% de la production de maïs sert aux agrocarburants)

    1. @ elpénérati « zygomar a une bonne analyse de la situation en fait »

      === Et où a-t-il vu que j’ai fait un quelconque commentaire sur le sujet de cette rubrique celui-là? Encore un qui prend ses désirs pour des réalités……

  5. @ Roger, dont on décèle une dialectique de Janus, N Baverez ne fait que prolonger la situation actuelle, allez dans le 9.3 vous verrez une situation qui n’est pas si éloignée de sa description, il suffit d’une crise bancaire, d’une réduction de la vitesse de la rotative à Euros et tout bascule, sans attendre 2040.

    Là où, N Baverez exagère, c’est son enthousiasme pour la croissance heureuse de l’afrique sub saharienne. L’imitation de l’Europe dans ce qu’elle a de mauvais ne permettra pas à l’Afrique de s’en sortir, futures colonies et réservoir de matières premières et de main d’oeuvre sous payée pour les dragons asiatiques. La France devenant dans le meilleur des cas un musée dédiée au tourisme avec valorisation par d’autres et pour d’autres de son formidable potentiel agricole en qualité et en quantité malgré des surfaces agricoles limitées.

  6. Une question au site, la « semaine sans pesiticide » de GF, c’était fin mars 2014, il ne s’est rien passé, ni sur les murs, ni dans la presse!
    Rien comme dans la tête de François Veillerette, le vide sidéral!

    Faut-il y voir l’effet chikungunya aux Antilles et la formidable augmentation des cas cette fin mars, malgré la pulvérisation répétée, systématique, toutes fenètres ouvertes, de deltamethrine dans les rues des villes des zones concernées.
    http://www.martinique.franceantilles.fr/actualite/sante/bientot-10-000-cas-de-chikungunya-248341.php

    http://www.martinique.franceantilles.fr/actualite/economie/abeilles-et-demoustication-quelle-incidence-244984.php

    Idem en nouvelle calédonie mais pour lutter contre les vecteurs du virus du Zika, mais avec du malathion
    http://nouvellecaledonie.la1ere.fr/2014/02/14/l-epidemie-de-zika-progresse-en-nouvelle-caledonie-reprise-des-epandages-au-malathion-122179.html

    Idem à Tahiti, contre zika et dengue, c’est dingue, hein ! http://www.tahiti-infos.com/Moustiques-la-menace-du-zika-s-eloigne-celle-de-la-dengue-se-ravive_a95877.html
    http://www.tahiti-infos.com/Des-interrogations-sur-l-efficacite-de-la-deltamethrine-pour-la-demoustication-au-grand-air_a92602.html

    Grand silence de la presse en France, sur ce qui se passe ailleurs.
    Les insecticides, c’est mauvais, un point c’est tout. On le dit pas trop ces semaines pour éviter un procès des 10 000 malades du Chik en Martinique, une class action contre le papier  » le Monde » pour désinformation et mise en danger de la vie des antillais.

    Bon, en France, il y les puces et tiques des chiens, les poux des gamins qui explosent, la presse n’en parle plus, la gale qui revient, la presse en parle un peu, les punaises de lits qui explosent….

    C’est vraiment con la Nature! On la protège, ou on croit le faire et elle mord!

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