Recette pour faire un documentaire sur les pesticides

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A peine deux semaines après le « Cash Investigation » consacré aux pesticides, France 2 a remis le couvert avec la diffusion d’un reportage intitulé « Pesticides : la malédiction du soja » dans le cadre d’Envoyé Spécial. Le site de l’émission parle d’un « document inédit » mais le spectateur a surtout un sentiment de déjà-vu. Et pour cause, il s’agit en gros d’un remake du documentaire « Pesticide et santé l’équation sans solution » diffusé sur Arte en mars 2015 et de « Bientôt dans vos assiettes (de gré ou de force) » diffusé sur Canal+ en septembre 2014. A croire que le travail de journaliste se résume à faire du copié-collé de reportages anxiogènes à fort potentiel d’audimat.

Pour les boîtes de production autres que CAPA ou Ligne d’Horizon, nous vous livrons en exclusivité la recette pour réussir un documentaire sur les pesticides.

D’abord, il faut prendre quelqu’un qui a eu des problèmes en utilisant des OGM. Notons que malgré les millions de bêtes nourries au soja OGM partout dans le monde depuis de nombreuses années, il est visiblement très difficile de dégotter des exploitants agricoles se plaignant des OGM puisqu’on se retrouve toujours avec cet éleveur de porcs danois, Ib Pedersen, qui impute la malformation de porcelets à la consommation de soja OGM. Pour rappel, il apparaissait déjà dans un document d’Envoyé Spécial en… 2007 !

Pedersen-France2
France 2, février 2016
Arte, mars 2015
Arte, mars 2015
Canal+, septembre 2014
Canal+, septembre 2014

Ensuite, pour bien faire vibrer la corde sensible, il faut montrer des enfants argentins victimes de malformations en expliquant que c’est à cause des pesticides. Comme par hasard, on se retrouve toujours dans le même patelin argentin…

France 2, février 2016
France 2, février 2016
Arte, mars 2015
Arte, mars 2015
Canal+, septembre 2014
Canal+, septembre 2014

Pour appuyer cette affirmation, il faut interviewer un expert. Et là encore, c’est toujours le même : Damian Verzenassi, un professeur qui a mené une étude épidémiologique avec ses étudiants et qui n’a jamais été publiée…

France 2, février 2016
France 2, février 2016
Arte, mars 2015
Arte, mars 2015
Canal+, septembre 2014
Canal+, septembre 2014

Et enfin, pour montrer que l’on a l’autorité de la science avec soi, on fait appel à l’incontournable Gilles-Eric Séralini. Il est vrai que les scientifiques anti-OGM sont tellement rares qu’il serait dommage de s’en passer…

France 2, février 2016
France 2, février 2016
Arte, mars 2015
Arte, mars 2015
Canal+, septembre 2014
Canal+, septembre 2014

Sources

8 commentaires sur “Recette pour faire un documentaire sur les pesticides

  1. Génial !

    Un point de détail :

    « D’abord, il faut prendre quelqu’un qui a eu des problèmes en utilisant des OGM  » ?

    Il faut corriger : « qui prétend… ».

  2. Aucun argument de fond.
    Vous pensez dénigrer par la forme, c’est raté – ou du moins, cela marche chez les esprits faibles.
    Je ne vous en veux pas, soit vous êtes payé(e) pour faire le « community management », soit vous êtes idiot(e) mais vu la qualité graphique de ce site, je privilégie la première hypothèse.
    Je précise que je ne suis pas un gauchiste qui prône des solutions étatiques mais bien un libéral dégoûté par le stato-capitalisme qui vous protège. Si les gens ne veulent pas des pesticides, ils n’ont qu’à arrêter de consommer des produits qui en ont besoin. Si la demande baisse, l’offre aussi.
    Allez courage.

    1. « Si les gens ne veulent pas des pesticides, ils n’ont qu’à arrêter de consommer des produits qui en ont besoin. Si la demande baisse, l’offre aussi.  »
      La question n’est pas là. Le problème, c’est que nous sommes bien incapables de produire ce que souhaite le consommateur sans utiliser des outils adéquats dont font partie les « pesticides » .
      Et que souhaite le consommateur? Une offre variée en quantité, qualité, mais avant tout, économique.
      Et produire « sans pesticides » , de synthèse ou « naturel », c’est extrêmement aléatoire et ça ne répondra pas aux exigences du consommateur.

    2. @ Avi Dayan

      « Si les gens ne veulent pas des pesticides, ils n’ont qu’à arrêter de consommer des produits qui en ont besoin. Si la demande baisse, l’offre aussi. »

      Chiche !!!
      Laissons faire le marché.
      Pour l’instant, la filière bio ne se maintient qu’à grand coup (coût…) de subventions, aides à la conversion.
      Supprimons toutes les aides, et voyons où se tourne la demande

  3. La vie au paléolithique était quand même vachement mieux !
    Pas de Burn out , pas de concurrence internationale …….

    1. “Au Paléolithique, schématiquement, l’espérance de vie à la naissance oscille entre 25 ans et 35 ans, selon les endroits et les périodes.”

      Pas de Burn out , … – See more at: http://www.alerte-environnement.fr/2016/02/19/recette-pour-faire-un-documentaire-sur-les-pesticides/#comment-189584

      Pas assez de temps pour vivre cela…
      D’autre part, on sait maintenant (cf : Hubert Lucot) « pourquoi les humains ont pu vivre sans portable depuis des millénaires : ils ne se rendaient pas compte. » 🙄

  4. Lu dans « libé » ce jour:
    « Les pesticides font rarement l’objet d’un gros «buzz» médiatique. Sauf quand une émission de télé comme Cash Investigation se penche sur le sujet, comme cela a été le cas le 2 février (lire page 4). Pourtant, ils sont omniprésents. Utilisés en agriculture ou dans les jardins, ils se retrouvent dans notre air, notre eau, nos maisons, nos aliments, notre corps… Mesdames, Mesdemoiselles, ils sont aussi dans vos tampons et serviettes hygiéniques. C’est ce que révèle le magazine 60 Millions de consommateurs dans son numéro de mars, pointant la présence de résidus de substances «potentiellement toxiques» dans 5 des 11 protections féminines analysées, bien qu’à des niveaux «faibles». Et ce n’est là qu’une des infos qui tombent quasi quotidiennement sur les pesticides, dans l’indifférence générale »
    http://www.liberation.fr/futurs/2016/02/23/les-pesticides-nuisent-gravement-a-la-sante_1435381

    Effectivement pas de « gros «buzz» médiatique » parce que le bourrage de crane est permanent. Il n’existe pas de répits pour de nombreux journaux et journalistes pour bourrer le mou des populations, En Europe essentiellement , un peu au Canada et en France en particulier. Très light aux US ou noyé dans un ensemble de démarches originales plus ou moins héritées de la nébuleuse d’églises qui composent la nation américaine historique. Le bio aux Us est historiquement lié à la communauté Amish avant de devenir tendance et très bobo, donc très connecté , très électriquement dépendant et à mille lieux du mode de vie de ceux qui l’ont porté à l’origine.

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