Réduire la population de moitié

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Si des écologistes français, comme le député Vert Yves Cochet, Thierry Jaccaud, le rédacteur en chef de L’Ecologiste, ou Yves Paccalet, l’ancien compagnon du commandant Cousteau, souhaitent relancer le débat sur la question de la décroissance démographique, on voit naître ce même type de démarche ailleurs.

Ainsi, au Royaume-Uni, un certain Jonathon Porritt a défrayé la chronique outre-Manche en mars dernier en déclarant qu’il fallait que la Grande-Bretagne réduise sa population de moitié, en passant de 60 à 30 millions d’individus. Il justifie cela en expliquant que « la croissance démographique, en plus de la croissance économique, impose au monde une pression terrible. Chaque personne en Grande-Bretagne a beaucoup plus d’impact sur l’environnement que celles vivant dans les pays en développement. Ainsi, réduire notre population est une façon de réduire cet impact. » Comme René Dumont en son temps, il se trouve très compréhensif sur la politique démographique chinoise : « Si la Chine n’avait pas adopté la politique de l’enfant unique (qui est certainement très controversée), il y aurait aujourd’hui au moins 400 millions de Chinois supplémentaires, avec une empreinte carbone combinée d’environ 1,6 milliards de tonnes de CO2 ! » Quand il dit que c’est une politique « très controversée », c’est un euphémisme. Et si on reproche le caractère autoritaire de la politique chinoise, Porritt donne alors l’exemple de… l’Iran qui, selon lui, a stoppé la croissance démographique simplement grâce à l’éducation soutenue par les mollahs ! Une chose est sûre, M. Porritt n’a pas peur de la controverse et, en toute logique, en juin 2008, il avait même promu une politique d’« immigration nette zéro »

Alors, s’agirait-il des divagations d’un hurluberlu isolé ou d’un excentrique sans influence ? Pas tout à fait, Jonathon Porritt a dirigé la section anglaise des Amis de la Terre entre 1984 et 1990, a servi d’administrateur du WWF UK entre 1991 et 2005, et est le parrain de l’Optimum Population Trust, une association qui promeut la décroissance démographique, soutenue par des personnalités comme Paul Ehrlich ou Jane Goodall, la protectrice des grands singes. Mais ce n’est pas tout, il travaille aussi pour le Prince Charles, en étant co-directeur du programme « Prince of Wales’s Business and Environment Programme », et est l’un des principaux conseillers de Gordon Brown sur les questions d’environnement. En outre, Porritt préside, depuis 2000, la « Commission du développement soutenable » du Royaume-Uni, poste auquel il a été nommé par le Premier ministre. D’ailleurs, le 30 mars 2009, cette Commission avait publié un rapport à l’attention du gouvernement intitulé « Prospérité sans croissance ? La transition vers une économie soutenable », dans lequel il est expliqué qu’il existe deux facteurs limitant à la prospérité : le premier, c’est le caractère fini des ressources écologiques, et « le second facteur limitant à notre capacité à vivre bien est la taille de la population mondiale ». Selon les auteurs de ce rapport, « c’est de la simple arithmétique. Avec un gâteau fini et à n’importe quel niveau technologique, il y a seulement autant de ressources et d’espace environnemental pour tout le monde. Plus grande sera la population mondiale, plus vite on atteindra les buttoirs écologiques. Plus petite sera la population, plus basse sera la pression exercée sur les ressources écologiques. Cette doctrine de base des systèmes écologiques est la réalité de la vie pour toutes les autres espèces de la planète. Et pour ceux dans les pays les plus pauvres. »

Seul regret de Porritt, c’est de voir ses amis écologistes hésiter à s’engager dans ce débat polémique de la décroissance démographique, et qui risquerait sans doute d’écorner l’image des « gentils sauveurs de la planète ». Mais il n’a pas renoncé à les convaincre : « Beaucoup d’organisations pensent qu’il ne s’agit pas de leur business. Ma mission, avec les Amis de la Terre et les Greenpeace du monde, est de leur dire : “Vous êtes en train de trahir les intérêts de vos membres en refusant d’aborder les questions de population, et vous le faites pour de mauvaises raisons, parce que vous pensez que c’est trop controversé.” »

Sources :

« UK population must fall to 30m, says Porritt », The Sunday Times, March 22, 2009.

Charles Clover, « Jonathon Porritt: Britain should have ‘zero net immigration’ policy », The Telegraph, 6 June 2008.

Sarah-Kate Templeton, « Two children should be limit, says green guru », The Sunday Times, February 1, 2009.

Professor Tim Jackson, Sustainable Development Commission, Prosperity without Growth? – The transition to a sustainable economy, téléchargeable ici.

Jonathon Porritt, « Population : boom and bust », http://www.jonathonporritt.com/pages/2007/05/population_boom_and_bust.html

Site de l’Optimum Population Trust : http://www.optimumpopulation.org/

2 commentaires sur “Réduire la population de moitié

  1. Oui, un tel projet, à part instaurer un régime fasciste de la pire espèce, je ne vois pas comment il pourrait le mettre en oeuvre . Ca fait quand même froid dans le dos .

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