Les partis politiques doivent-ils chercher à répondre aux attentes de l’électorat appelé « bobos » ? Question importante que les stratèges politiques se posent pour les prochaines échéances électorales ! Pour y répondre, analysons le Monde Magazine du 28 août dernier qui nous livre en filigrane les désirs de cette population sociologiquement typée de Paris 18e (vous pouvez les rencontrer également dans d’autres arrondissements et parfois même en province… si, si !).
Le Monde, donc, donne la parole au sociologue Harmut Rosa qui nous livre une réflexion assez pertinente sur le temps qui s’échappe. Rien de nouveau sous le soleil me direz-vous. Les philosophes et les poètes en ont fait leur centre d’intérêt depuis belle lurette. Sauf que sa réflexion s’enrichit de l’évolution du monde moderne toujours plus rapide qui « nous est offert en une seconde ou à quelques heures d’avion ». « Nous n’avons jamais le temps d’en jouir ». Il pointe la montée du stress liée à l’accélération du rythme de vie. « On assiste à la réduction de la durée des repas, du déjeuner, des moments de pause »… « jusqu’au sommeil ». « On s’essaie au multitasking, l’éxecution simultanée de plusieurs activités ». Conséquence : « le sentiment d’urgence, de culpabilité, de stress, l’angoisse des horaires, la nécessité d’accélérer » augmente. « A l’âge de l’accélération, nous assistons à l’obsolescence rapide des métiers, des technologies, des objets… » On est en plein Ravages de Barjavel ! Bref, le temps raccourcit, le temps s’enfuit. « Partout les enseignants se plaignent de ne plus avoir de temps pour apprendre à leurs étudiants, les médecins à leurs infirmières pour s’occuper humainement de leurs patients ». L’impression d’insécurité au travail règne avec « cette course vers nulle part ». « Si on ne court pas, nous en sommes persuadés, on décline, on perd en qualification, le chômage nous guette, la dépression, la misère ». Ce n’est pas fini, « il faut ajouter une accélération sociale ». Les parents espèrent que la vie de leurs enfants ne sera pas pire… Les métiers changent sans cesse à tel point que l’identité change encore et encore. On ne dit plus : « je suis boulanger, socialiste, marié à Christine et je vis à Paris ». Mais : « en ce moment, j’ai un emploi de boulanger, j’ai voté pour les socialistes aux dernières élections, mais je changerai la prochaine fois, je suis marié avec Christine depuis 5 ans qui veut divorcer et si je vis à Paris depuis huit ans, je vais partir à Lyon cette année pour le travail » Notons la petite erreur du sociologue : le boulanger a en fait voté Sarkozy en 2007. Il votera FN en 2012… : mais ça ne se dit pas dans Le Monde… Il ne faut pas brouiller le lecteur avec son boulanger qui lui vend une baguette tradition à 1,20 euro…).
Mais alors peut-on ralentir et vivre enfin ?
La décélération s’appelle le « woofing« . Cette nouvelle tendance est décrite dans le dossier suivant. Le woofing ? C’est passer ses vacances dans une ferme bio et donner des coups de main. Ici, retour à la terre assurée (pardon avec un « T » majuscule pour Terre ). Exploitation biodynamique, OGM bannis, chevaux de traits. Le décor est planté. Là de « jeunes idéalistes viennent mettre « les mains dans le fumier ». « Tu verras, c’est tout chaud. C’est comme pénétrer la matrice de Gaiä ». C’est la déception de la société moderne qui pousse des jeunes à passer leurs vacances dans ce type de ferme. Tiens, une idée pour le lecteur du Monde Magazine ? Le journaliste ose la question : « votre modèle de ferme peut-il nourrir la planète ? » « Silence » obtient-il comme réponse. Notons au passage que l’afflux d’une main d’œuvre gratuite et vigoureuse est d’un précieux secours pour ce type de ferme qui, sans la venue de force d’appoint, ne pourrait pas survivre.
Les pages suivantes du Monde donnent enfin une piste de solution pour enfin décélérer. L’exemple d’Ilaria Venturini montre qu’il est possible de changer de vie. L’héritière de l’empire du luxe a tout lâché pour se mettre au vert, devenir agricultrice bio (forcement !) et lancer ensuite créer des sacs recyclés : « save waste from waste » (sauvez les déchets de la décharge »). Il est tours plus facile de changer de vie avec un un tel héritage !
Tirons quelques conclusions à destination des partis politiques.
Les 390 000 lecteurs hauts revenus du Monde ne sont pas représentatifs de la carte électorale française. L’électorat dit bobo est mouvant. Il va et vient. Il n’est pas fixé sur ses choix. Il vote socialiste un coup, Cohn Bendit ensuite, UMP la fois suivante. Amis zappeurs bonjour ! Vouloir les capter est peine perdue. Ce type de population a des soucis de riche. Il cherche le bien être : il est stressé, il vit à 300 à l’heure. L’analyse du sociologue Harmut Rosa est juste. Il cherche à revenir au réel, à vivre l’instant présent. Mais en fait de réel, il semble rêver sa vie plus qu’il ne vit son rêve (jolie formule non ?). Il rêve de partir en vacances dans une ferme biodynamique. Mais la réalité le rattrapera vitesse grand V. Traire les vaches, travailler la terre, ce n’est pas forcement une partie de plaisir ! Alors il faut peut-être penser à changer de vie comme l’a fait Ilaria Venturini.
Partis politiques : par pitié n’essayez pas de satisfaire l’électorat bobo sur le dos de l’agriculture.Non seulement vous ne capterez pas cet électorat mais en plus vous n’aurez pas les voix du monde agricole et rural. Le bobo est zappeur. Il ne connait pas la fidélité politique. Ne vous y trompez pas : ces articles du Monde auraient pu se trouver dans Psychologie Magazine ou dans un catalogue d’agence de voyage : « partez à la découverte du woofing » . Chercher à vivre l’instant présent ou être adepte du woofing ne constituent pas un programme politique ! En faisant sans cesse la promotion du bio, de la biodynamie et des concepts bobo type agriculture de proximité, vous risquez de décourager les agriculteurs et de détruire l’agriculture français. Par voie de conséquence, vous risquez d’entrainer la France dans la dépendance alimentaire. Car à la question : comment nourrir le monde avec de telles exploitations bio, on attend toujours la réponse.
Carton rouge au journal « la croix » du 31 août 2010 sur la biodynamie, pourtant généralement plus mesuré en terme de sensibilité bobo certainement pour rattrape son excellent article sur le vrai prix du bio précédemment.
Dominique Quinio signe là un article digne de l’hebdo « la Vie », mal ficelé, sans aucun recul.
La biodynamie est un concept marketting pour bobo selon les termes du post précédent, pas une pratique du monde réel. C’est à l’agriculture ce qu’Eurodisney est l’espace naturel: strass, paillette et guimauve.
Son principal intérêt est de mieux « traire » le bobo.
On produit du vin certes, bien plus cher de façon évidente mais pas meilleur pour les sols et l’eau, car nous sommes sur la vigne, il y a du mildiou, donc on utilise force cuivre les années humides, en sus, si l’on respecte les règles selon des conjonctions de planètes pour l’apporter et non pas selon les cycles de contamination et en tenant compte du lessivage, règles issues de la science agronomique du début du siècle précédent, comme le ferait un bio classique, sinon ce n’est pas de la biodynamie.
Bio classique qui « massacrera » aussi son sol avec du cuivre, son seul recours contre le mildiou, voire avec du labour contre les adventices,source d’érosion s’il est en pente car la concurrence avec les mauvaises herbe est plus féroce faute de pouvoir fertiliser correctement.
Il ne s’agit pas d’une critique contre ces pratiques d’un autre âge, utiles mais pour diversifier les produits sans changer ni les cépages, ni les techniques de vinification et de répondre à la demande bobo dont les références sont celles du post ci dessus mais qui ne justifient pas de manier l’encensoir médiatique, c’est une forme de diversification, le même produit, souvent en moins bien et parfois très inférieur si le printemps est humide et sauf à mettre un gros coup de canif dans le contrat ( très très discretement).
S’il le faut on y reviendra avec des années, des appelations …
Une chronique de Bruno Frappat dans « la Croix » du 8 et 9 mai 2010. Extrait: »Que de sottises et de crimes l’humanité se serait épargnés si l’on tournait soixante-dix sept fois autour de ses pipettes avant de s’engager dans des recherches à risques, à l’aveuglette! Nous n’aurions ni la bombe atomique, ni les pesticides, ni les sources de pollution qui saccagent la terre, ni les drogues toxiques qui meurtrissent les esprits, ni même connu avec autant d’intensité les totalitarisme. »
Habituellement, Bruno Frappat est un esprit plutôt éclairé, mais là, associer la bombe atomique et les pesticides, c’est grandiose. Il devait sans doute être fatigué et a du oublier de réfléchir. Notons au passage la tendance des catholiques actuellement,comme le fait B.Frappat, de parler de la terre comme de Gaïa, la Terre Mère!!
La tendance de certains catholiques seulement, ne pas oublier que les écolos les plus extremistes ont mis sur le compte des monothéismes l’essor de la condition humaine en référence à la génèse . Gaia est un concept faisant référence aux rites druidiques, la récupération est contre nature, sorte de grande farce.