Arrêté Abeilles : du rififi à venir chez les apiculteurs

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Le ministère a mis en consultation publique en décembre 2014 un projet d’arrêté « relatif aux conditions d’utilisation des insecticides et acaricides ». Son objectif officiel : rendre plus claire la notion « en absence d’abeille » afin de mieux les protéger. Coté profession agricole, l’accueil de ce projet a été mitigé mais on a participé à son élaboration… en trainant des pieds.
Coté apiculteurs, c’est un peu plus compliqué. La refonte de la réglementation faisait partie d’un marchandage entre la profession et l’État pour l’acceptation du plan stratégique « abeilles » du ministère. En clair, « on veut bien un plan mais tu augmentes les contraintes sur les agriculteurs concernant l’épandage des produits phytos » ; ce « deal » étant passé entre le « Monsieur Abeilles » du ministère de l’agriculture (François Gerster) avec une partie de la profession apicole, notamment des représentants de l’institut technique de la filière.
Revenons à notre « arrêté abeilles ». La consultation des différents acteurs est terminée depuis le 19 décembre et depuis pas de nouvelle…Bref, rien de plus…me direz-vous ?
Non ! Ce dossier n’est pas bouclé et nous pouvons même considérer qu’il ne fait que commencer. Dans les milieux autorisés écolos, on croire savoir que ce projet est remis en cause par le Ministère de l’écologie, influencé certainement par des représentants du lobby apicole profitant de la volonté Ségolène Royal de réconforter les écologistes après ses déclarations sur la nécessité de construire de nouvelles centrales nucléaires…
Et pendant ce temps, dans la profession apicole, certains, ayant participé à l’élaboration de cet arrêté, cherchent à se préserver des accusations de tiédeurs et de laxisme. Pour les agriculteurs, cette 1ère version de l’arrêté représente de lourdes contraintes supplémentaires mais pour certains apiculteurs, il ne va pas assez loin ! D’où l’inscription du sujet lors de la prochaine assemblée générale de l’institut technique apicole (ITSAP) pour essayer de désarmer les oppositions sournoises. Du rififi à venir d’où sortiront probablement des exigences supplémentaires pour les agriculteurs…

5 commentaires sur “Arrêté Abeilles : du rififi à venir chez les apiculteurs

  1. Tout cela conduit cependant à se poser des questions légitimes sur la cohérence entre l’interdiction de l’insecticide tau fluvalinate sur une culture parce que justement insecticide avec une exposition très très modérée des abeilles même sur colza en fleur et de voir, le même produit, utilisé massivement dans les ruches parce qu’acaricide et médicament vétérinaire.

    La logique m’échappe complément mais on était dans la même logique ou presque avec la permethrine interdite en agriculture et utilisée massivement sur les vêtements et les moustiquaires des populations exposées à des moustiques vecteurs de maladies virales.
    Ceux qui comme moi sont allés sous les tropiques ou plus récemment aux Antilles ont pu trouver intérêt à imprégner tous leurs vêtements de cette substance active pour se protéger comme recommandé par les ministère de la santé sur son site web d’ailleurs.

    Toujours dans les paradoxes, parmi les molécules les plus violentes pour les abeilles sont citées ( pas par les apiculteurs hélas, dont certains semblent ou veulent l’ignorer), des molécules d’origine naturelle très utilisées en agriculture biologique car enfin efficaces, comme le spinosad ou les avermectines.

    Ces molécules insecticides naturelles sont parmi les plus toxiques pour les abeilles au niveau des imidaclopride et fipronil avec des doses apportées bien plus importantes et appliquées directement sur le végétal et non sur la semence bien avant la période d’exposition.

    Sur ces molécules, curieusement, il n’y a pas de débat. Parce que d’origine naturelles? produites en fermenteur et pas par la synthèse?

    Il se trouve cependant que l’abamectine et l’ivermectine sont massivement utilisées dans l’élevage comme anti helminthes et sont massivement excrétées dans les fèces des animaux avec un fort questionnement (à l’étranger) sur les conséquences sur les insectes qui iraient trouver quelques éléments protéiques dans ces déjections, insectes entrant en contact direct avec ces insecticides ou leur produit de dégradation.

    Dans ce dernier cas l’étude d’impact environnemental est minimaliste pour les médicaments vétérinaires (comme pour ceux qui concernent la santé humaine d’ailleurs) mais la diffusion est généralisée et aléatoire, fonction du parcours de l’animal et des traces qu’il laisse dans des pâturages ( plus de 10 millions d’ha y compris en zone natura 2000).

    La destruction des bousiers par des antihelminthes carbamates avait par le passé fait l’objet d’une préoccupation dans les milieux scientifiques, vite passée avec un changement de molécule.

    Quid de cette interrogation trouvée sur un blog d’éleveurs des Pyrénées qui s’interrogeaient sur l’impact éventuel de leurs pratiques?

    1. @ Alzine
      « Il se trouve cependant que l’abamectine et l’ivermectine sont massivement utilisées dans l’élevage comme anti helminthes » – See more at: http://www.alerte-environnement.fr/2015/01/22/arrete-abeilles-du-rififi-a-venir-chez-les-apiculteurs/#comments
      Abamectine est un insecticide pour végétaux en arbo, maraichage et ornemental pas en élevage à ma connaissance.
      Et si je puis me permettre, l’ivomec injectable (le + préjudiciable me semble-t-il) reste un produit à usage presque exceptionnel;
      – seulement en cas de forte infestation, il est préféré pour sa rémanence.
      – pour son action sur les parasites externes comme les poux ou la gale qui sont moins courant que les parasites internes qu’il cible et qui peuvent être maitrisés avec d’autres molécules.
      – pour son coût et sa mise en oeuvre = injectable vs drogage.
      En gros, les copros restent indispensables pour juger de la nécessité ou non de ce produit, sachant que d’autres peuvent être employés…
      En formule pour-on ou par drogage, c’est pareil, c’est le taux d’infestation et l’éventail de son action qui conditionne son usage, d’autres produits existent.
      Pour les abeilles j’ai de sérieux doutes… Le produit existe depuis longtemps, il avait été utilisé « copieusement » lors d’un plan d’éradication de la gale dans mon secteur proche et je n’ai pas souvenir d’une hécatombe des ruchers à l’époque…

  2. @rageous

    Merci pour ce retour, vos connaissances sont à mettre à profit du collectif en développant.

    L’Abamectine est effectivement non inscrite des médicaments vétérinaires, l’ivermectine uniquement désormais sur cheval
    http://www.ircp.anmv.anses.fr/rcp.aspx?NomMedicament=CHANECTIN+D+SOLUTION+INJECTABLE

    mais il serait intéressant de refaire l’historique d’utilisation des dernières années puisque la substance a été massivement utilisée d’après témoignage chercheurs de l’INRA
    http://www7.inra.fr/opie-insectes/pdf/i149-giraud.pdf

    « L’Abeille domestique se ravitaille commu-nément dans les flaques d’urine et, sou-vent, sur les excréments frais de vertébrés :
    il n’ y a pas que les déjectionsd’Homoptères opophages (miellat de puce-
    rons, etc.) qui l’intéressent Bouses toxiques
    Faut-il le préciser ? Les bouses bio sont bien plus riches en insectes que les autres. Les vermifuges administrés au bétail pour éliminer leurs parasites internes font des ravages sur les insectes coprophages, car leur actionest rémanente*. L’ensemble du crottin émis par un seul cheval traité au dichlorvos peut tuer plusieurs milliers de carabes scarabées
    pendant les 10 jours qui suivent le traite-ment. Les effets de l’ivermectine, eux, durent40 jours ! Les animaux qui se nourrissent de
    coprophages sont menacés d’intoxication ou de famine. En Angleterre, la disparition de l’Alouette des champs, , a été attribuée en grande partie à l’ivermectine.

    Chez les chauves-souris, les Rhinolophes amateurs d’Aphodies, ou, chez les rapacesnocturnes la Chevêche d’Athéna, Athene
    noctua, sont concernés directement. Il est donc préférable de traiter le bétail avec de lamoxidectine aux risques plus limités. Hélas,
    les éleveurs concernés le constatent : les vétérinaires et les pharmaciens n’ont généralement pas conscience du problème, car
    cela ne fait pas partie de leur formation.Certains le traitent même avec une indifférence amusée : un dialogue est nécessaire »

    Il est amusant de voir prôné ici le dialogue alors que chez les agriculteurs c’est l’interdiction qui prévaut.

    En outre les antihélminthes et produits contre les autre parasites animaux sont indispensables, on retiendra que les pâturages des montagnes ont besoin des vaches comme les vaches des pâturages, il faut donc que tous s’entendent, éleveurs, apiculteurs mais que ne dirait-on pas si le même phénomène était constaté dans le monde agricole avec un insecticide susceptible d’être toxique pour les abeilles au niveau de l’ivermectine ou de l’abmectine ( 2ème substance active largement utilisé à l’étranger).

    Ces deux insecticides naturels issus de la fermentation sont au niveau de toxicité des fameux néonicotinoides dont certains réclament l’interdiction alors que leur usage à dose faible ne concerne presque plus que la semence. Les avermectines sont épandues par le bétail ou les chevaux avec leur bouse et le crottin , certes les autorisations ne concernent plus que les chevaux en France désormais, mais la pratique???? avec des autorisations à l’étranger?

    Un écologiste à cheval dans la nature pourrait bien être un pire tueur d’abeille que l’agriculteur sur son tracteur pulvérisant son colza, suivant ce que le cheval a ingéré et ce que l’agriculture pulvérise.

    Un concept à méditer et peut -être aussi à dessiner puisque l’époque est au dessin.

    1. @ Alzine
      « Ivermectine uniquement désormais sur cheval »
      What? Je n’ai pas entendu parler qu’elle serait interdite aux autres…
      Il est vrai avec les plans ecophyto, ecoantibio, ecomachin chose, on peut s’attendre au pire!

      Sinon pour limiter les incidences supposées sur abeille, il suffirait de choisir la meilleure période de traitement (animaux en bergerie/étable sur la période) ce qui n’est pas encore préconisé par les vétos…
      Pour les coprophages, rappeler que l’ivermectine a d’autres substitus et en plus c’est cher! Je ne sais pas si ça tue les bousiers, ce que je constate c’est que j’en sauve chaque jour en été qui font de la brasse coulée dans les abreuvoirs!
      http://www.mrsa-limousin.fr/fichiersDivers/AVERTISSEMENT_PARASITAIRE_OVINS.pdf

      En zone de proposition de site natura pour son importante colonie de chiroptères, devrais-je craindre une interdiction d’usage de cette molécule sachant qu’à moins d’1 km, 16 éoliennes sont implantées?

  3. @ Rageous,

    Effectivement, merci, j’avais fait une fausse manœuvre de recherche sur la base
    http://www.ircp.anmv.anses.fr/

    L’ivermectine est largement autorisée sur bovins, ovins, porcins et équins, entre autres.

    Bon, les recherches sérieuses commencent dans ces conditions pour voir un éventuel lien avec nos bzzz, bzzz. On peut s’attendre à voir une production d’informations plus riche en provenance de l’étranger.

    Mais dans ce cas, que du naturel, comme pour l’atropine du datura dans la farine de sarrasin.

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