La face cachée de Greenpeace

Big business vert

Question business, il semble que David McTaggart ait eu davantage de succès avec Greenpeace qu’avec ses affaires immobilières. Il est vrai que tant qu’il a été le grand patron de Greenpeace, et même un peu après sa retraite, l’aspect financier a été un aspect prédominant dans les campagnes de Greenpeace. Pour Jacky Bonnemains, ex-président de Greenpeace France, « Greenpeace est devenu la caricature du nouveau riche. Ils ne savent pas quoi faire de leur argent mais ils le gardent soigneusement. » Pour sa part, Bjorn Oekern déclarait en 1993 que « toute personne imaginant que l’argent de Greenpeace est dépensé pour l’environnement fait fausse route. Ils ne voyagent qu’en classe affaires, mangent dans les meilleurs restaurants et mènent une vie de jet-set écologiste. (…) La principale raison expliquant la priorité accordée aux baleines, c’est que cela rapporte de l’argent. » Il faut tout de même reconnaître que Greenpeace na pas toujours misé sur le bon cheval. En 1991, la prise de position contre la Guerre du Golfe a fait chuter le nombre de membres de la branche américaine, de 1,2 million à 400.000, entraînant une vaste restructuration de l’association.

Néanmoins, le plus gênant vient des révélations de l’ancien comptable de Greenpeace Hollande, Frans Kotte, dans un documentaire intitulé The Rainbow Man (1993) et réalisé par le journaliste Magnus Gudmundsson. Kotte explique que Greenpeace avait plusieurs comptes secrets de quelques dizaines de millions de dollars, alimentés par les différentes campagnes. Selon lui, ces comptes étaient ouverts au nom de sociétés écrans et n’étaient accessibles qu’aux plus hauts responsables de Greenpeace, dont David McTaggart. Or, toujours selon Klotte, cet argent était joué dans diverses opérations de spéculation sur les marchés internationaux. De plus, Kotte révèle que les 20 millions de dollars versés par la France à Greenpeace, suite à l’affaire du Rainbow Warrior, se sont retrouvés sur le compte d’un mystérieux Ecological Challende Fund, dont le gérant était David McTaggart. Ce fait est d’autant plus choquant qu’à l’époque McTaggart n’avait plus officiellement de responsabilités au sein de Greenpeace. Interrogée pourquoi celui-ci contrôlait encore cette somme d’argent, la nouvelle dirigeante de Greenpeace de l’époque répondit simplement : « Parce que nous lui faisons confiance. »

Enfin, toujours dans les années 90, il a été documenté que plusieurs branches de l’ONG n’utilisaient qu’entre 5 % et 9 % des fonds dans les campagnes proprement dites. Il est clair qu’aujourd’hui, du moins dans les comptes officiels tels qu’ils sont présentés, Greenpeace a fait quelques progrès. En 2005, par exemple, l’organisation française annonçait que 46 % des ressources allaient aux campagnes. A l’échelle mondiale, les coûts concernant la collecte de fonds absorbent quand même 26 % des revenus. Bref, quand on fait un don à Greenpeace, plus d’un quart de cet argent est utilisé à chercher d’autres dons. A titre de comparaison, les grandes associations françaises de lutte contre le cancer ou de lutte contre la pauvreté consacrent environ 9 à 10 % à la collecte de dons, et entre 65 et 75 % de leurs revenus à des activités.