La face cachée de Greenpeace

L’action directe « non violente », la marque de Greenpeace

Comme le souligne Nadège Fréour, « l’association écologiste ne travaille pas principalement dans un objectif de mobilisation citoyenne ». Elle a en effet toujours privilégié ce qu’elle appelle l’action directe non violente, et s’il le faut au mépris de la loi. Dans un éditorial de Greenpeace magazine datant de 1994, on peut lire que « lorsque les valeurs écologiques à défendre sont évidentes, l’entorse à la loi est alors légitime ». Greenpeace confie en général ses opérations coups de poings à des « pros » de l’action directe, recrutant auprès de certains milieux assez éloignés normalement des préoccupations écologistes et pacifistes. Par exemple, L’Humanité rapportait ainsi en septembre 1995 la nouvelle action de Greenpeace contre les essais nucléaires français : « Les militants antinucléaires interpellés dans la nuit de lundi à mardi sont, selon l’armée, des Anglais anciens des SAS (Special Air Service), les commandos britanniques. Ce sont des gens “habitués à des opérations qui n’ont rien d’écologique”, a-t-on commenté au SIRPA. »

En revanche, Greenpeace s’est toujours officiellement opposée à la violence ou la destruction de biens, comme dans le cas des fauchages de champs d’OGM. Enfin, presque toujours puisque dans un éditorial de 1979 du magazine de Greenpeace Chroniques, on pouvait lire : « A la longue, que cela plaise ou non, il faudra bien recourir à la force pour lutter contre ceux qui continuent à détériorer l’environnement. » Des conseils qui seront suivis d’effets, puisque des militants de Greenpeace collaboreront étroitement dans les années 90 avec l’association écologiste radicale Earthfirst! engagée dans l’écosabotage et revendiquant l’action violente.

Mais le plus important pour Greenpeace,c’est de rechercher avant tout une action qui puisse avoir un fort impact médiatique et renforcer son image de marque. Car pour Nadège Fréour, « les dirigeants de l’association (..) sont les dépositaires d’une véritable marque “Greenpeace” ». Elle précise : « La communication de l’association est entièrement confiée à des professionnels et centralisée au sein du bureau londonien “Greenpeace Communication”, qui gère notamment la production et la diffusion d’images des actions spectaculaires minutieusement orchestrées : ce procédé lui permet de fournir “clés en main” aux médias des images agréées, qui véhiculent le point de vue privilégié par l’organisation ».