La face cachée de Greenpeace

Bien que plus modeste en taille que le WWF, Greenpeace peut sans problème revendiquer son statut de « multinationale verte », avec ses 27 bureaux nationaux et un budget total de 170 millions d’euros en 2007 pour 2,7 millions d’adhérents. Greenpeace dirige une petite armée de 1400 salariés et de 10.000 volontaires qui lui a permis, à la différence notoire du WWF, de devenir l’organisation écologiste la plus médiatique au monde et sans doute la plus connue. Paradoxalement, elle reste aussi sur de nombreux aspects la plus mystérieuse.

En effet, l’aventure de Greenpeace commence modestement avec un petit groupe de militants qui, en 1971, s’embarque sur un bateau pour s’interposer et empêcher la réalisation d’un essai nucléaire américain dans le Golfe de l’Alaska. Ces militants ont une excellente idée : ils embarquent également six journalistes et une équipe de télévision de la chaîne CBC. En 1972, les Etats-Unis abandonnent les essais nucléaires atmosphériques, offrant ainsi aux combattants écologistes une première victoire. Pour Bruno Rebelle, ancien dirigeant de Greenpeace France, cet événement est « l’élément structurant du mode opératoire ». Ce mode opératoire va trouver toutes son ampleur quand ce groupe d’écologistes, baptisé désormais « Greenpeace », décide de mener campagne contre les essais nucléaires français à Mururoa. Là, ils sont rejoints par un certain David McTaggart, futur grand boss de l’organisation. En 1973, les militaires français arraisonnent le Véga, le bateau de Greenpeace, et brutalisent McTaggart qui perdra partiellement l’usage d’un œil. Les images de l’agression, prises par un membre de l’équipage, seront reprises dans la presse internationale. Voilà pour le mythe fondateur de Greenpeace – la suprématie de David sur Goliath –, modèle qui sera par la suite sans cesse reproduit. Maintenant, comment cette poignée de militants barbus est devenue en quelques années une multinationale verte, avec des financements très importants, personne à ce jour n’a encore réussi à résoudre cette énigme.