Des méthodes de pression douteuses
Les responsables de Greenpeace envisagent aujourd’hui leurs opérations spectaculaires en dernier recours, quand les discussions sont au point mort. Bruno Rebelle, l’ancien dirigeant de Greenpeace France, estime que « les actions de confrontation représentent 10 à 15 % de notre temps de travail et absorbent 20 à 25% de notre budget ». En fait, c’est devenu un moyen de pression vis-à-vis de certaines entreprises ciblées par l’ONG écologiste, qui pourrait presque s’apparenter au racket. En gros, Greenpeace soumet à une entreprise « une proposition qu’elle ne peut pas refuser », et si l’entreprise refuse de courber l’échine, les troupes de choc écologistes seront envoyées pour mener une action spectaculaire et médiatique. Contrairement à d’autres associations, cette politique de ciblage est la spécialité de Greenpeace, comme le reconnaît Bruno Rebelle : « Les femmes et les hommes de Greenpeace sont, de fait, moins à l’aise dans les débats généralistes (…) que dans une action de confrontation pour dénoncer les agissements d’une entreprise clairement nommée, à un endroit déterminé. »
Ce mode d’opérer a par exemple fonctionné à merveille avec l’entreprise Lapeyre, en ce qui concerne la vente de bois tropicaux. Greenpeace France l’a ciblée avec comme objectif de lui faire adopter la norme FSC (Forest Stewardship Council), « pour une exploitation durable de la forêt ». En 1999, les dirigeants de Lapeyre refusent, prétextant que leur bois était déjà certifié auprès d’un autre organisme brésilien. Comme le relate le journaliste Antoine de Ravignan, « début 2000, les magasins Lapeyre sont pris d’assaut par les militants, qui mènent une opération d’étiquetage sauvage des bois importés. » Quelques mois plus tard, Lapeyre cède, reconnaissant que certains fournisseurs de l’organisme brésilien ne respectaient pas toujours les normes. C’est évidemment tout bénéfice pour Greenpeace, car, comme par hasard, le Forest Stewardship Council est dirigé par le WWF, les Amis de la Terre et… Greenpeace. Et il va de soi que les services du FSC sont payants.
Dans le domaine des OGM, Greenpeace a procédé de la même manière avec le distributeur Auchan. Dans un premier temps, l’ONG écologiste demande par courrier qu’Auchan retire tous ses produits pouvant contenir des OGM mais aussi les produits carnés issus d’animaux nourris avec des OGM. Auchan s’y oppose et, en octobre 2002, les écoguerriers envahissent plusieurs supermarchés Auchan en collant des étiquettes « Nourri aux OGM ? », action qui sera suivie d’une pétition intitulée « Pas d’OGM dans mon assiette ». Depuis, Auchan retire progressivement des rayons les produits estimés indésirables par Greenpeace. C’est sans doute le prix à payer pour obtenir une « paix verte ».
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